Djibi

étienne b.

 

© eb                    Une meilleure image ? <Clic gauche> ou toucher l’écran.  

S’il fallait expliquer ce à quoi je tends sans encore l’atteindre, je reprendrais les mots de Rouillé :

Loin d’être un degré zéro de l’écriture, loin de renvoyer à un en-deçà de l’art, cette posture esthétique, qui refuse les thèmes et les formes extraordinaires, témoigne d’un raffinement stylistique capable de récuser le naïf maniérisme des photographies « d’art » autant que de résister à la triviale imagerie des médias. Tel est bien le paradoxe: alors que les technologies les plus perfectionnées repoussent sans cesse les limites du visible, alors que les médias de masse s’efforcent de nous projeter dans des lieux toujours plus lointains et inconnus, alors que les images de synthèse superposent au réel des mondes virtuels, alors qu’une concurrence féroce contraint l’industrie culturelle – la publicité, la télévision, la presse, le tourisme, etc. – à redoubler de sophistications graphiques, un nombre croissant d’artistes utilisent la photographie pour découvrir le proche, l’immédiat, l’ici, le banal, l’ordinaire. Simplement, sobrement, directement. En prenant esthétiquement à rebours les rêves factices et les images pompeuses, emphatiques et vides des médias. Projet désespéré ? Infinie disproportion des forces en présence ? Sans doute. Mais une brèche est ouvert. Et c’est à l’art, dans son alliage avec la photographie, que nous le devons. Comme s’il était le dernier lieu où l’on puisse encore atteindre, interroger ou simplement décrire ce qui est, ce que nous sommes, ce que nous vivons, ce qui se passe, hors de l’insolite, de l’extraordinaire, dans « ce qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infraordinaire, le bruit de fond, l’habituel ».

André Rouillé La photographie.
Folio essais, Editions Gallimard, 2005

Citation en italiques : G. Perec, L’Infra-ordinaire

 

 

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3 Comments to “Djibi”

  1. Gaetan CALMES dit :

    Bien sûr.
    C’est une démarche légitime.
    « Djibi » en est une bonne et belle illustration après tant d’autres.

    Reste qu’ici, outre l’esthétique des formes et couleurs que l’on retrouve dans vos récentes photographie, j’ai perçu autre chose. Rien de contradictoire d’ailleurs.
    J’ai vu aussi et d’abord un emplacement pour handicapé dans un décor assez lugubre et « maltraitant » : le gris massif, écrasant, les gravats, la pente mal pratique, la situation dangereuse dans un virage. J’ai pensé en première approche à de l’humour grinçant ou désespéré …

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