La Maison bleue

Etienne Buyse

 

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La maison, flanquée du pylône, était située à la sortie d’un hameau sur un haut plateau, le long de la route qui le menait de la capitale à son Deep South. Il ralentissait toujours l’allure pour regarder cette maison au bleu comme un rêve d’été. Tout l’hiver, elle avait semblé vide. Un jour, il avait garé dans sa voiture de l’autre côté de la route et était sorti dans le vent piquant pour la prendre en photo.
A ses passages au printemps, la maison semblait avoir retrouvée vie : une table de jardin avait été sortie ; une fois devant la fenêtre de droite, une autre devant celle de gauche. Mais il n’avait jamais vu personne.
La photo avait bien tourné sur les réseaux sociaux. Il en fit alors un tirage sur du beau papier et l’encadra. A son prochain passage, s’il voyait quelqu’un à la Maison, il lui en ferait cadeau.

A la fin juillet, en route une fois encore vers son Deep South – l’air vibrant de chaleur et parfumé à l’odeur de foin -, en passant devant  la Maison – elle avait encore plus d’éclat que le ciel – il vit que la porte d’entrée était ouverte.

La femme avait la cinquantaine. Blondeur cendrée, taille mince. L’intelligence de la gentillesse. Il fut de suite séduit par son élégance : pas seulement les gris assortis de son pantalon et tee-shirt, mais aussi sa voix, ses mots, sa manière de se mouvoir.
Elle le remercia pour la photo. Ils burent des menthes à l’eau. Et puis, dans la douceur d’une soirée d’été, les yeux brillants d’un vin de Loire, elle lui raconta un pan de sa vie et l’histoire de la Maison.
Il reprit la route tard. Un Cohen en boucle. Les phares de la berline lui taillaient la route dans la forêt. A l’aube, arrivé dans son village en bascule sur la frontière, il se prépara un café et lui écrivit La Maison bleue.

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