J’aime les images frontales et plates. Plates comme des surfaces, sans illusion de profondeur. Pour cela, je photographie les êtres et les choses au travers d’une vitre ou d’une trame. Ainsi disparaît la troisième dimension. Alors, avec la platitude, apparaît un Monde parallèle.
Dans le mien, les lignes droites imposent l’ordre au chaos, les êtres et les lieux sont anonymes et les couleurs vives. Le réel devient abstraction et graphisme, mon esprit y dérive en silence et y trouve la paix.
Dans Through the American flag, après un long Temps d’arrêt, je reprends enfin la route. New York avril 2018. Je parcours la Ville, assis seul au fond d’un bus municipal. Sur ses vitres latérales arrières est plaqué un adhésif micro-perforé : le drapeau américain. A travers lui, en bus, des jours durant, j’observe la Ville : le drapeau américain, comme un tamis, la simplifie et l’enchante. Malgré les couleurs, suintent la solitude et la mélancolie.
Mais est-ce bien là New York ? Et, à l’inverse, est-ce donc ainsi, aplati et filtré de toute complexité, que les Américains voient le Monde ?
